Aespa - Armageddon
Dominant la K-pop du côté des filles depuis leur début en 2019, c’est après une année 2023 glorieuse que nous attendions Aespa avec grande impatience. Si les internautes ne cessent de faire remarquer les progrès ahurissants des quatre jeunes femmes, ce comeback vient ajouter un argument de taille quant à la place du groupe de la SM dans l’industrie, qui nous révèle cinq ans après ses débuts son tout premier album. L’attente aura été longue pour les fans du groupe, mais c’est un projet qualitatif aux visuels époustouflants que nous proposent Aespa avec “Armageddon”. Il faut dire que le groupe ne cesse de se surpasser et de proposer des concepts phénoménales et intriguants tout en expérimentant sur le plan musical. C’est dix chansons inédites aux sonorités multiples marquées par cette touche propre à Aespa qui nous a été dévoilé le 27 mai dernier, de quoi satisfaire bien des auditeurs.
“Armageddon” est le lieu de la dernière bataille entre le bien et le mal avant le jour du jugement dans le texte de l’Apocalypse. Un fait qui fait étroitement écho à leur dernier comeback “Drama” où chaos et conflit régnaient. Mais là n’est pas la seule signification à ce nom curieux, puisqu’il s’agit également selon certaines croyances et théories d’une sorte d’anomalie céleste, un aperçu d’un univers parallèle qui viendrait alors confirmer les hypothèses de plusieurs dimensions co-existant, plusieurs mondes et peut être même plusieurs versions de nous-même. Nous faisons alors face à une sorte de glitch créant de nombreux phénomènes inexplicables. De nombreuses conspirations existent autour des secrets qui entourent ce nom et le tout vient s’accorder parfaitement au concept du groupe qui, pour rappel, jongle entre deux univers, deux réalités. Il semblerait alors que bien qu’elles soient finalement sorties de leur monde virtuel, de nombreux problèmes s’accumulent tandis que les réalités semblent se bousculer. La pochette de l’album fait d’ailleurs écho au champs de bataille Armageddon tandis que d’autres, y voit les traces d’un passage extraterrestre.
Les teasers vidéos sont de plus particulièrement intéressantes et se conjuguent aux MVs, démontrant les capacités surnaturelles et armes maniées par les membres du groupe qui semblent aussi être liées aux éléments. C’est à nouveau un comeback qui vient compléter le lore très complet et toujours aussi passionnant d’Aespa, ouvrant notre esprit à de nombreuses théories.
Aespa nous ont dévoilé courant mai la pre release de ce premier album : “Supernova”. Dans un style hyper pop, ce morceau correspond musicalement à tout ce que vous pouvez imaginer en lisant son titre. Incarnant à la perfection la pâte Aespa avec ce côté cosmique et ces sonorités électroniques, “Supernova” est un joyaux futuriste dont le MV nous expose les super pouvoirs des filles exploités dans la ville, avec des visuels marquants et l’utilisation de l’IA. Le pré chorus est complètement addictif et le break à ce jour surement le meilleur de leur discographie. Quand on aime ce style, c’est un morceau aux défauts très moindres et à l’atmosphère mémorable ponctuée de nombreuses parties qui restent en tête. C’est notamment le cas de l’introduction “I’m like some kind of supernova”, “Body bang” qui a laissé place à une trend sur les réseaux sociaux ou encore tout simplement le “Su su su supernova” précédant chaque refrain. Somme toute, un titre impactant qui aura fait forte impression auprès des fans certes mais surtout de manière générale, puisqu’il est parvenu à se hisser à la première place de l’intégralité des classements musicaux, offrant au groupe un “Real-time all-kill” et est même parvenu à bien se placer dans les classements internationaux. Un record assez rares dans la K-pop et plus encore pour une pre-release.
Quant à la chanson titre de l’album “Armageddon” c’est dans un style hiphop dance avec des touches old school trendy que Aespa nous présente un titre dont les messages principaux jouent autour de la libération, du pouvoir personnel et du fait de se détacher de l’obscurité afin d’embrasser son propre potentiel. Une chanson titre qui se démarque grandement de Supernova avec une atmosphère bien plus sombre et mystérieuse. Pleine de confiance et encourageant à la résilience, elle vient nous rappeler que nous sommes les seuls à pouvoir nous définir et à nous pousser vers le haut pour vaincre nos peurs à travers des paroles assertives. La manière qu’on les filles de jouer avec les syllabes d’Armageddon et ses rîmes donnent à la chanson un côté très satisfaisant. C’est un titre envoutant dont cet aspect est mis largement en valeur par la chorégraphie aux mouvements précis. Quant au MV, si nous sommes habitués à des décors toujours plus beau les uns que les autres, Armageddon est tout de même parvenu à surpasser nos attentes et à nous bluffer, prenant la forme d’une sorte d’histoire d’horreur cyber cosmique.
Abordant des états de peurs intenses, Aespa semblent être prisonnières et sous l’emprise d’entités venus d’ailleurs. Les filles sont constamment surveillées digitalement, comme si on voulait s’assurer de leur présence ou même plus loin encore, qu’il s’agisse bel et bien de leurs formes humaines, leurs formes authentiques. Une idée qui se confirme quelque peu par la suite alors que ces entités semblent commencer à posséder les corps des jeunes femmes, s’en emparant et les enrobant pour les transformer en des sortes de formes alternatives, à l’image du monde qui les entoure ou tous semblent modifier, personne ni rien n’ayant une apparence ordinaire. De quoi préciser la deuxième saison du lore d’Aespa déjà évoqué dans le précédent article à leur sujet, qui semble prendre une tournure bien plus sombre et inquiétante. Qu’on soit amateur ou non de ce genre de concept visuel et narratif, on ne peut nier la qualité esthétique d’un tel projet, usant de costumes absolument fantastiques mais aussi assez effrayants et de designs remarquables. Les choses n’ont clairement pas été faites à moitié et donnes lieu à un résultat impressionnant.
Quant aux b-sides, nous avons eu le droit à notre lot de variété en commençant par “Set The Tone” avec son instru puissante et son atmosphère incolore, elle suit bien la continuité d’Armageddon. Dans un genre hiphop dance à nouveau, on reste dans la thématique de la confiance en soi. Or, cette fois-ci, c’est à travers la musique même que ce message d’assurance prends place. Les paroles explorent le fait d’apprendre à contrôler nos émotions et ce qui nous entoure, créer des liens et prendre en confiance en nous-même à travers le rythme de la musique. Une chanson qui permet à Aespa de complimenter indirectement leur propre impact dans l’industrie en affirmant avec force “We set the tone”. Les jeunes femmes installent en effet une atmosphère tout à fait unique avec leur musique tandis que ces sonorités sont comparées aux battements du cœur, appuyant le lien émotionnel qui nous lie avec. “Set the tone” souligne alors le pouvoir et l’impact que peut avoir la musique dans nos vies.
Pour finir ce chapitre hiphop de ce premier album, “Mine” avec son côté minimaliste et sa forte basse nous emmène affronter nos démons intérieurs et notre nature profonde. Aespa nous encourage ici à affronter nos peurs avec détermination et à prendre confiance en nous à travers cet affront, permettant alors de nous rendre compte que nos peurs ne sont enfaite que des illusions. Le titre de la chanson fait référence à notre propre chemin, les filles invitant leurs fans à s’émanciper et à se découvrir pour faire de leur vie la leur. Les effets utilisés sur les voix se retrouvent dans la chanson d’après qui vient alors servir de transition: “Licorice”. Signifiant réglisse en français, ce titre vient dépeindre un mélange de sentiments, à la fois agréables et déplaisants quant à l’entichement éprouvé pour quelqu’un. Usant d’un style plus rock, l’instrumentale contraste avec les voix claires et rendues plus fluettes des membres, ce qui concrétise l’aspect contradictoire des émotions évoquées dans les paroles et nous permet de ressentir à travers ce mélange de sonorités comme une pointe d’agacement, notamment avec la répétition du titre dans un ton plus bas. C’est un morceau à nouveau assez particulier.
Nous ne sommes pas encore en été mais Aespa ont tenu à nous offrir un avant goût des beaux jours, “BAHAMA” est une chanson qui a su très vite trouver son public et est sûrement la b-side la plus appréciée de l’album. Rafraichissante, douce et agréable, les couleurs des parasols, des fleurs dans nos cheveux et le parfum marin nous parviennent alors que nous sommes immédiatement téléportés sur une plage paradisiaque. S’échapper du stress et de la routine quotidienne pour mettre en avant le confort, la sérénité et nous inviter à apprécier et explorer la paix et la beauté qui ressort de la nature sont les messages transmis dans les paroles. Quant à “Longchat (#♥)”, c’est un titre amusant représentant l’intimité qui se dessine derrière les nombreuses conversations qui se tiennent la nuit et qui renforcent nos liens avec nos proches. Les conversations nocturnes sont connues pour être bien plus sincères et à cœur ouvert, c’est ce que cette chanson aux sonorités adorables tentent alors de représenter.
“Prologue” suit sur une note plus douce et simple. On laisse de côté les instrus un peu décalées pour mettre en avant une musicalité plus chaleureuse. Dans un genre pop moderne, Prologue vient reprendre les codes des premières chansons dans ces paroles, puisqu’à nouveau on aborde notre place dans le monde et la capacité à écrire notre propre histoire. Aespa nous invite à cesser de comparer notre vie à celles des autres et se concentrer sur notre évolution à l’instant T. La chanson met également en avant des sentiments d’insécurités alors qu’elles déclarent “I’m a weirdo” tandis qu’elles dépeignent la difficulté du passage à l’âge adulte et les nombreux obstacles émotionnels auxquels nous sommes confrontés à cette période de nos vies.
“Live My Life” vient appuyer tous ces forts messages avec des sonorités pop rock dans un élan particulièrement rythmé et joyeux. Le “I’m a weirdo” de Prologue prend alors davantage de sens alors qu’on nous invite à nous délivrer des attentes de la société en embrassant notre authenticité. Il s’agit d’un rappel que nous sommes les protagonistes de nos propres vies et qu’il est alors important de prioriser notre bonheur et qui nous sommes au plus profond de nous même. C’est un titre qui se démarque particulièrement dans cet album, même des titres plus enthousiastes de part son énergie puissante et son dynamisme. C’est l’unique b-side qui a eu le droit à son MV - pour le moment - qui garde le code couleur assez sombres de “Armageddon” de façon plus naturel avec beaucoup de plans dans la nature, alors que les filles incarnent les membres d’un band. On parvient tout de même à remarquer un potentiel clin d’œil à Supernova avec cette explosion du lumières pareilles à des étoiles filantes tandis que la toute fin semble faire un parallèle au début du MV de la pre release.
Si nous avions auparavant eu “You” et “Til We Meet Again”, cette fois si l’album s’achève sur “Melody” également dédiée au fan. Avec son doux piano et ses légères percussions, c’est sur des sonorités rêveuses qu'Aespa exprime une nouvelle fois leur gratitude aux Mys, leurs fidèles fans avec qui elles partagent un sentiment de confort. On célèbre ici alors la connexion entre le groupe féminin et leurs admirateurs.
Ce premier album aura battu de nombreux records, dépassant le million de pré-commande, Supernova et Armageddon gagnant la grande majorité des prix dans les émissions musicales et ne cessant de monter dans les nombreux classements musicaux qu’il soit nationaux ou mondiaux. Par ailleurs, Aespa ont proposé un tout nouveau concept pour cet album : directement intégrer un lecteur dans l’une de leurs versions qui, malgré son prix, a énormément séduit. Il est vrai que la problématique des nombreux albums achetés uniquement pour le contenu mais très rarement pour le CD en lui même a récemment fait beaucoup de bruit sur les réseaux sociaux, le groupe féminin a de ce fait reçu les louanges des internautes pour cette idée innovante - malheureusement couteuse.
Une fois encore, Aespa nous prouve son amélioration et leur dominance dans l’industrie de la K-pop en nous dévoilant un album très complet aux sonorités multiples. Aespa parviennent à nous démontrer leur versatilité marquées tout de même par une pâte musicale bien propre à elles, unique et faisant toujours un peu plus de bruit dans la musique.
Rédaction: Solyane