LE SSERAFIM - HOT
Elles ont illuminé notre fin d’année 2024 avec leur EP “Crazy” et ses sonorités toutes particulières, Le Sserafim a fait son retour en mars dernier avec un nouvel EP. Si les filles continuent d’expérimenter et d’étendre leur registre musical, ce nouvel EP “Hot” est musicalement plus simple et épuré que les précédents, nous laissant profiter d’une touche plus sentimentale dans la discographie du groupe.
“Hot” est le dernier volet d’une trilogie entamée avec “Easy”, qui vient explorer l’évolution émotionnelle du groupe. Alors que ”Easy” représentait l’anxiété, les filles s’étaient détachées de leurs peurs au cours de “Crazy” pour finalement enfin s’autoriser à se laisser séduire sans regrets dans une belle passion amoureuse décrite dans “Hot”. Ce nouvel EP évoque alors le courage qu’il faut pour ne pas laisser les craintes envers l’être aimé, la peur d’être blessé, nous empêcher de nous laisser submerger par nos sentiments amoureux. Il s’agit d’une ode à la passion en dépit des incertitudes, se déroulant sur une jolie variété de genres mêlant rock, pop, disco, nu jazz ou encore de la house.
“Born Fire” est l’introduction de cet EP. Comme toujours chez Le Sserafim, on retrouve cette pâte défilé de mode et cette touche cinématographique créant une atmosphère qui nous aide à directement rentrer dans l’univers de l’album. Dans cette introduction immersive, les filles nous présente le thème de l’album en évoquant la résilience et la renaissance à travers la métaphore d’une flamme. Une flamme naissante, parcourant l’obscurité, ce qu’on peut interpréter comme la passion se frayant un chemin dans nos cœurs. “The fire awakens again from the ashes as a kindling” : Même réduite en cendre, la flamme renait, incarnant cette résilience après les complications rencontrées lors de son ascension dans le silence et l’obscurité. Des paroles poétiques accompagnées par un trailer visuellement impressionnant et magnifique. Incarnant des oeuvres d’arts immobiles, les filles prennent soudainement vie. La scène froide et figée se transforme en un lieu vivant et enflammé, contrastant pleinement, ce qui vient renforcer cette métaphore d’ascension vers la passion mais aussi sa véritable identité, dépourvu de toutes craintes et insécurités.
La chanson titre éponyme “Hot” avec son atmosphère sentimentale et seductive joue sur des sonorités glam rock et disco avec quelques touches funk et rétro pouvant donner l’impression que la chanson a été produite pour un groupe de la seconde génération de la K-pop. Dans cette idée de confession, les filles déclarent ouvertement leur amour et leur volonté de poursuivre cette relation, cette passion, qu’importe le prix. “Throwing my body into flames, no hesitation, no regrets”. Ces éléments sont même comparés à Bonnie and Clyde, rendant cette confession passionnée d’autant plus grande en y ajoutant ce côté pathétique, irrationnel. Les filles nous décrivent une passion si importante qu’on en perd presque la tête “A dangerous drive”, n’hésitant pas à plonger dans leur vulnérabilité mutuelle. ”Now hold me tight my dear in the scars we share, Inside our hearts”. Elles évoquent également la dévotion qui découle de cette passion, affirmant qu’elles resteraient dans les yeux de leur être aimé pour toujours et ne fuiront certainement pas cette relation préférant se sentir brûler dans les bras de cette passion naissante.
Cette transformation d’un état froid à une passion ardente est d’ailleurs très bien représentée dans le MV alors qu’on oscille entre un aesthetic en noir et blanc à des couleurs chaudes comme le jaune, le doré, un blanc crème et des teintes orangées, créant cet effet soudainement plus solaire et chaleureux. Avec une chorégraphie simple mais sensuelle, le MV dispose d’une cinématographie dynamique qui le rend très satisfaisant à regarder, les effets de surchauffes ainsi que les lumières clignotantes mettant l’emphase sur les thèmes de la chanson. Selon Yunah Sheep, à nouveau productrice, celui-ci est sensé représenter les filles embarquant dans un monde dystopique, où il est difficile de distinguer réalité et illusion, les filles devant réclamer leur liberté à travers cette confusion.
Du côté de “Come Over” produit en collaboration avec le groupe Jungle, on nous emporte dans une ambiance nu jazz retro soul tout à fait unique dans les sonorités actuelles. Nous transportant dans les années 70 avec son groove suave, la chorégraphie s’inspire également des mouvements de l’époque en reprenant des pas très jazzy ayant beaucoup amuser les internautes. Une touche assez originale sur une chanson en anglais qui s’écoute facilement et rentre très vite dans la tête de part sa répétitivité. A mesure qu’on l’écoute, la chanson devient quelque peu addictive et révèle ses charmes. On s’imagine alors sur la piste de danse, Le Sserafim nous invitant à prendre leur main et nous laisser emporter par le rythme à leur côté. “Oh I know you wanna take my hand”. Les filles nous ont d’ailleurs proposé un MV en collaboration avec Android dans un esthétique très vintage et coloré, différant drastiquement de celui de la chanson titre.
”Ash” est la b-side qui a le plus séduit les fans du groupe. Il s’agit d’une ballad alternative dans un genre pop atmosphérique. Avec une ambiance onirique, ce côté éthéré et dream pop, on lui trouve un certain côté cinématographique. Si sa composition est très jolie, elle permet de retranscrire également les paroles qui viennent évoquer la beauté que l‘on trouve dans la douleur, romantisant la peine mais surtout, embrassant sa capacité à nous offrir la possibilité de renaitre ensuite de nos cendres. “The more it hurts, the more alive I am ; a new born in ashes”.
Les filles mentionnent d’ailleurs l’existence d’un ange gardien, les guidant vers un renouveau identitaire, leur intimant de ne pas avoir peur malgré l’obscurité et les aidant à se séparer de leurs faiblesses. Cette renaissance se fait davantage dans le dernier refrain, Le Sserafim affirmant bel et bien l’existence de cette nouvelle vie, de cette nouvelle identité. Ici commence alors à s’achever cette trilogie : “When new skin renewal on my body after peeling the old one; After midnight, a new life will begin”.
Finalement, l’album se termine sur “So Cynical (Badum)” qui mêle du jersey club, de l’électro pop et des sonorités house. Si on avait plus tôt fait un bond dans le temps, cette fois-ci les filles nous invitent à danser dans notre ère actuelle, avec un titre très clubby dont les beats saccadés lui donnent un certain aspect plus doux. La chanson est à nouveau répétitive et dansante, comme un clin d’oeil à leur précédent comeback très rythmé. Le Sserafim font face à l’amour de manière plus audacieuse dans cette chanson, confrontant l’être aimé sur ses sentiments, l’invitant à s’y abandoner plutôt que d’essayer de réprimer ce qu’il ressent. “Sometimes, boldness is better. Don't doubt you and I, right this moment”. Les filles se souviennent d’une époque où leur cœur était fermé à cause de leurs nombreuses insécurités, cette chanson sert alors à nouveau de cloture. Elles veulent désormais experiencer une relation passionnée sans avoir à faire semblant, sans avoir à cacher leurs sentiments et souhaitent que ce courage soit réciproque.
Si beaucoup se sont accordés à dire que cet album est le moins intéressant du groupe, il reste cohérent et nous lui trouvons tout de même un certain charme. Quoi qu’on en dise, l’album a tout de même bien fonctionné se plaçant dans d’importants classements musicaux comme le Billboard 200 et arrivant à la hauteur de ses précédents opus en terme de chiffre. Le Sserafim continue à convaincre et d’attirer à l’international, si bien que la version anglaise de “Hot” s’est fait en duo avec la chanteuse Jade, membre des incontournables Little Mix. L’impact du groupe reste ce qu’il est et maintenant que celui-ci semble avoir tourner une page dans sa carrière avec cette trilogie, nous sommes très curieux de voir son évolution musicale et conceptuelle.
Rédaction: Solyane