BOYNEXTDOOR - 19.99

Nous ayant bien diverti au printemps avec l’amusante “Earth, Wind and Fire”, les six garçons de la KOZ entertainment sont revenus à la rentrée avec un album aux nuances plus personnelles. Le titre de ce nouvel opus “19.99”, ce “nombre imparfait” comme ils l’appellent, est très représentatif du thème de cet EP puisqu’il symbolise le moment juste avant d’atteindre notre vingtaine, un âge souvent impactant pour les jeunes adultes. Ainsi, cet album nous parle de la liberté mêlée aux responsabilités qui viennent avec ce moment si spécial qu’est le vingtième anniversaire. Des craintes, de la reconnaissance, de la joie accompagnée de la peine qu’on éprouve à l’idée de grandir, “19.99” explore le florilège d’émotions qui accompagnent le passage à l’âge adulte dans une ambiance musicale toujours très hiphop. On retrouve à nouveau la pâte Zico que les garçons s’approprient toujours avec brio. 

“19.99” se compose de sept titres dont la version anglaise de Nice Guy, la chanson principale de l’album, ainsi que Skit qui prend une forme assez particulière. Troisième titre de l’album, il s’agit en faite d’une sorte d’interlude dans laquelle les garçons se posent pour simplement discuter de leurs passages à la vingtaine sous la forme d’une émission de radio. Un moment chaleureux dans lequel ils évoquent leurs envies, questionnant en particulier Woonhak, le plus jeune membre encore seulement âgé de 18 ans, sur sa vision des choses quant à ses vingt ans. Les garçons cherchent encore une fois à faire de leurs musiques un miroir du quotidien et des préoccupations de tous, s’imposant comme un groupe aux messages pertinents, auquel il est simple de s’indentifier. 

La pre-release ainsi que l’ouverture de cet opus est Dangerous ou bien, directement traduit du coréen: “Les parents, ne regardez pas”. Boynextdoor ne perde pas de ce côté drôle avec ce titre humoristique mettant en avant un côté plus malicieux. La chanson sur ses sonorités hiphop et son beat très simple et continu mettent en avant l’histoire de garçons faisant le mur pour aller s’amuser au beau milieu de la nuit entre amis, craignant tout de même d’être attraper par leurs parents. La chanson détient cette touche rebelle propre à l’adolescence, ce goût du danger et de l’interdit si séduisant à ces âges immatures. Avec des couplets mettant en valeurs des voix et raps graves aux paroles très comiques pour dériver vers un refrain plus dynamique, on croirait entendre l’adolescence en musique. 

Les garçons tournent quelque peu la sphère familiale en ridicule, moquant les parents en chantant des propos entendus et entendus : “Quand est-ce que tu rentres ?”, “Mets ton téléphone en mode avion”, “T’es où là?” alors qu’ils décrivent en parallèle de véritables anecdotes inspirées de la vie de Taesan, qui a co produit et écrit cette chanson. Une information qui rend le tout encore plus comique, tout comme le clip, à la fois désordonné et esthétique, usant de nombreuses références GenZ, comme les memes et les réseaux sociaux. L’album enchaine sur Gonna Be A Rock tout de suite plus douce et sentimentale. Dans un genre pop rock, ce côté très solitaire et perdue qu’on ressent au fil de la chanson se combine à un côté plus désespéré, rendu entrainant par la texture omniprésente d’une guitare électrique.

Ici, Boynextdoor conte l’effet d’une rupture soudaine semblable à une pierre jetée en pleine figure, les poussant à développer une haine envers l’amour. “L-O-V-E I hate this word” se transforme en une répétition de “I hate you”, mettant l’emphase sur l’aspect complètement rancunier de cette chanson. Le protagoniste se sent abandonné et désir se transformer en pierre, certes, pour ne plus ressentir la peine de cette rupture mais également pour atteindre directement cette ex. Par exemple, en brisant sa fenêtre à l’instar du cœur brisé du protagoniste “I'm gonna be a rock and break your window now” mais également en brisant son nouveau couple “I'm gonna be a rock and break your boy, your love”. De nouveau, les garçons retranscrivent cette certaine immaturité juvénile, axée cette fois sur le plan sentimental. Une immaturité qui provient lors de nos premiers pas dans le monde amoureux, souvent à un jeune âge avec cette volonté insatiable de vouloir se venger et faire ressentir à l’autre les maux qu’il nous a infligé. 

S’ensuit à une place originale dans l’album, le title track Nice Guy. Comme à leur habitude, le groupe reste sur un genre R&B, pop avec des sonorités modernes et urbaines. La chanson a un rythme dynamique qui reste le même du début à la fin. Si elle est entraînante, les paroles parlent du fait que ce gentil garçon, “nice guy” n’est pas le premier choix des filles en amour. Le monde a ses modes, même si on sait que le physique joue dans l’attirance pour quelqu’un, le caractère est le plus important. La tendance est au bad boy avec une attitude rebelle voire parfois toxique envers la personne. En face, on a ce garçon sympa, qui fait attention à tout, pour qui l’amour est unique, excité du jeune et premier amour. On a le droit a des contacts visuels authentiques ”Look at my eyes”, de franchir des lignes qui peuvent changer les évènements “Look at my line, my girl”. Nice guy est donc le title track auquel on peut se référer pour un amour fleurissant et de bonne volonté. Bien qu’elle soit moins excentrique que leurs précédentes chansons titres, on a l’impression de retrouver un peu du style de Boynextdoor à leur début, ce qui donne à la chanson ce petit côté attendrissant. 

Après 19.99, arrive enfin 20. Toujours sur un genre R&B et pop, 20 est la moyenne d’âge du groupe de garçon. Vingt, c’est aussi la deuxième décennie de notre vie, le moment ou on quitte l’âge de l’enfance. C’est ce moment de remise en question, de découverte du monde mais d’une autre façon. Lorsqu’on naît et la décennie qui suit, nous sommes innocents et on découvre le monde et la vie qui nous entoure “When I was younger, I was foolish”. Vingt ans c’est aussi cette réalisation que la vie n’est pas facile “The kid who thought a gold mеdal was easy”, que le sourire disparait pour faire face aux larmes ou au stress “Oh, be smiling then?”. Vingt ans c’est aussi ce moment où l’on se demande ce qu’on va devenir “When I'm 30, will I”. L’âge est toujours au centre de nos vies, quand on est petit on veut grandir et quand on grandit on veut redevenir jeune. Cependant on a l’âge qu’on a et chacun a une vie différente, et vivre dans cet âge est merveilleux. Cette chanson expose par ailleurs joliment le contraste entre les voix très mélodieuses et celles plus particulières des membres, démontrant différentes manières d’exprimer pourtant une même émotion. 

L’album s’achève sur Call Me très belle et chaleureuse, c’est une chanson qui prend au coeur alors qu’on se laisse emporter par les voix réconfortantes des garçons. En effet, Call Me se veut rassurante, elle s’adresse à tous les futurs et jeunes adultes traversant une période difficile. On suit un protagoniste qui semble passer une mauvaise journée, avec ce genre de matinée où rien ne va: “du café éclaboussé sur mes vêtements, le bus qui passe, on dirait que le monde n’est pas non plus de mon côté aujourd’hui”. Emplis d’affection, Boynextdoor s’imposent ici comme de vieux amis posant une main sur notre épaule. “Si tu trouves que ce son est tout comme toi, s’il te plait, appelles moi”“prends ma main et allons-y ensemble”, un message qui persiste tout au long de la chanson, faisant l’effet d’une véritable étreinte alors qu’on nous invite à exprimer nos émotions, peu importe si cela implique des cris et des larmes. les garçons insistent sur l’importance de l’amour de soi et nous rappelle de ne pas se laisser accabler par les mauvais moments et de ne jamais abandonner au premier obstacle. 

Si Boynextdoor s’impose comme l’un des groupes phares de cette cinquième génération, chacun de leur comeback s'avère toujours plus intéressant que le précédent. De part un style plus simple, 19.99 n’a certes pas fait autant parlé que HOW? mais s’avère être un album très réconfortant et convivial. Les garçons arrivent à créer ce lien fan-artiste pleins de tendresse à travers des messages parlant et ce genre d’opus plus sentimental et personnel parvient à sublimer le concept du groupe qui s’impose comme juste une bande de copains habitant l’appartement voisin. L’album saura séduire les amateurs d’un style plus indi hiphop et se marie parfaitement à la saison automnale avec ses b-sides pareilles à une conversation profonde au coin du feu. 

Rédaction: Solyane et Julia

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